Organisée par l’IRD, le ministère Indonésien des Affaires Maritimes et des Pêches (KKP), l’Institut Indonésien des Sciences (LIPI), en partenariat avec l’association Caracol et le bureau d’études CENOTE, l’expédition LENGGURU – KAIMANA 2010, conduite entre le 3 octobre et le 19 novembre 2010, a été la première phase d’un projet international et pluridisciplinaire ayant pour objectif la compréhension de la dynamique évolutive des massifs de Lengguru et de leur rôle structurant sur la biodiversité.
Associant archéologie, géologie, biologie, paléontologie, karstologie, cette expédition a nécessité une logistique importante : un navire de l’APSOR d’une trentaine de mètres a servi de camp de base à la quarantaine de membres de l’équipe ; les zones d’études ont pu être atteintes en remontant les principaux cours d’eau à l’aide de canots pneumatiques ; enfin, la spéléologie et la plongée souterraine ont permis de rejoindre des grottes et rivières souterraines.
Des découvertes pluridisciplinaires
Les scientifiques ont tout d’abord identifié au moins une quinzaine de nouvelles espèces de poissons, parmi lesquelles des poissons arc-en-ciel, des gobies et une espèce cavernicole dépigmentée et dépourvue d’yeux. Des nouvelles espèces de mammifères, d’insectes et de batraciens (notamment une grenouille transportant sa progéniture sur son dos) ont également été découvertes. Témoignant de l’extrême richesse biologique du site, toutes ces découvertes ont donné lieu à de nombreuses publications en 2011 et 2012.
Parallèlement, les archéologues ont mis à jour plusieurs sites abritant des peintures rupestres et des sculptures jamais décrites auparavant en Papouasie. Ces découvertes semblent confirmer une hypothèse des chercheurs de l’expédition : le massif de Lengguru aurait été un lieu de migrations importantes entre l’Australie et l’Asie lors des grands mouvements de population humaine depuis environ 40 000 ans. Enfin, les géologues ont remarqué des phénomènes originaux d’érosion des karsts.