Jeudi 30/10, depuis le camp de base terrestre.
Pour ce dernier jour de travail à Lobo, chacun s’occupe de ses échantillons et d’entrer ses données. Les explorateurs rentrés la veille se lèvent de bon matin. Laurent et Marc partent à l’aube avec Jean pour pêcher. Ils ramènent de gros baracudas qui nourriront tout le monde jusqu’à demain.
En fin d’après-midi, l’Airaha 2 rentre au port. Demain, nous démonterons le camp et chargerons le matériel sur les deux bateaux pour repartir vers Kaimana dans la soirée. Les plongeurs sont contents de leurs expériences de ces derniers jours. Avant-hier, en plongeant jusqu’à 90 mètres de profondeur, ils ont attrapé un tricot rayé, un serpent de mer noir et bleu très venimeux. Hier, ils ont eu l’occasion de plonger avec un requin baleine qui se nourrissait dans le filet des pêcheurs. Aujourd’hui, ils ont observés des spécimens rares : un poisson fantôme, un oursin à gros doigts, des étoiles de mer à 8 branches qui vivent à grande profondeur, des syngnathes, sortes d’hippocampes allongés, et des nudibranches de toutes les couleurs et toutes les formes.
Ce soir, c’est le grand retour des spéléologues et karstologues, Guilhem, Bruno et Hubert, qui ont tenté d’observer la Lengguru dans sa partie souterraine, entre une résurgence et une perte qu’ils avaient identifiées sur la carte. Ils sont accompagnés de Dr Kadar, Sopian et Christophe, ainsi que des cinéastes Christine et Jean-Pierre, qui les ont rejoints entre temps dans l’espoir d’y trouver des poissons cavernicoles. Pour rejoindre leur but, ils ont fait une journée de pirogue en franchissant plusieurs rapides à pieds. Il leur a ensuite fallu attendre une demi-journée que les villageois soient d’accord pour qu’ils accèdent à la résurgence.
Guilhem nous raconte leurs découvertes : « Arrivés à pied d’œuvre, ils constatent que l’eau sort à différents endroits à travers des éboulis.
Les Papous les amènent à une première grotte cent mètres en contre-haut. Les volumes sont immenses. Plus loin au fond la rivière souterraine sort d’un éboulis pour s’infiltrer dans des fissures à l’aval. Mais il ne s’agit que d’une branche mineure. Après une semaine d’investigations dans le secteur et quelques belles découvertes, force est de constater que le cours souterrain de la Lengguru n’est accessible ni par l’aval ni par l’amont. Malgré cette déception spéléologique, les enseignements scientifiques pour la compréhension du karst sont majeurs. »