Sous la pluie encore

La mise à jour du 1er novembre était sans photos, nos explorateurs nous les avaient promises, les voici dans le texte 

Mercredi 3 novembre

Sous la pluie encore

Par Olga Otero olga.jpg, oct. 2010 La pluie s’intensifie depuis quelques jours et nous devons nous habituer à travailler dans des conditions de plus en plus humides. Il est marrant de constater que suivant la position dans la baie d’Arguni, nous subissons plus ou moins les trombes d’eau que les averses équatoriales peuvent déverser. Pour ma part, plutôt du bol, c’est pendant les trajets en pirogue que nous avons écopé les collègues et moi. Même sous la cape la pluie bat son homme (et sa femme) de façon assez violente. Conni se tient recroquevillé sur son petit banc et ne bouge pas d’un poil (elle a accepté de se présenté dans un court billet qui suit, in english – yes sir), tandis qu’Ungul et Matias assis en quinconce font semblant de dormir. Sans cape, avec le vent, la vitesse de notre long boat à 40 chevaux et complètement trempé ils doivent avoir froid. Le plus difficile c’est pour notre excellent pilote, Pak Sawi : malgré la visière de sa casquette il a le visage battu par la pluie. Dans ces conditions c’est même douloureux de garder les yeux ouverts. 1_ma-troupoe.jpg, nov. 2010 (Les mêmes, avant la pluie, chacun à son poste lors d’un échantillonnage de zooplancton en plein eau).

Pour ce qui est des conditions diluviennes et les situations pénibles, il semble que la palme revient à Gilles, Domenico, Gigih, Sopian et Amir, et ça c’est Gilles qui a accepté de nous le conter avec son talent incomparable !

Nb : vu les conditions de cette dernières aventures vous pardonnerez (aisément) qu’ils n’aient pas flingué leur appareil photographique pour immortaliser leur épopée. Pour remplacer, vous pourrez voir les photos de la Cérémonie qui s’est déroulée il y a deux jours dans la vallée du Sewiki. Pour ne rien vous cacher, Amos, Bernard et Marc sont rentrés en fin d’après midi de cette vallée (d’où la récupération des photos tant attendues), ainsi que Kadar qui était parti en expé avec deux gars d’un village du Nord de la baie pour chercher des rivières (et des rainbows) dans cette zone. Ils sont crevés, j’ai donc opéré un début de pression relativement doux pour que d’ici un jour ou deux ils nous livrent le récit des ces dernières journées passées loin du bateau et pour lesquels nous n’avons eu que des bribes d’info. Près de 11h30, et il reste pas mal à faire avant l’envoi du blog…. Je laisse donc la parole à Conni et Gilles pour aller faire dormir les yeux.

Olga Otero, assise sur cette caisse en bois sur le pont arrière du Airaha qui n’est pas très confortable et qui a hâte de trouver son matelas (qui est tout de même un peu plus confortable).

Conni

by Conni cony.jpg, nov. 2010 I have been joining this expedition for a week and so far I have found a lot of excitement, especially from the people I have met. Firstly, this is my first long expedition with foreign researchers, in particular the French, with many different specialities. There are so many new things to learn by interacting and joining them at work. I also find out how they adjust themselves to tropic climate, the fun on the ship, and especially the Indonesian food and jokes. It would be too much to tell the details here, yet it is interesting! Secondly, I also enjoy interacting with local researchers, the ship crews, and local people involved in this research. “Lari kosong” (=useless) have been my new words I learned from them.

Up to now, I have carried out several samplings related to my speciality, i.e. the crustacean taxonomy. For doing this, I have joined two different teams, the rainbow and the palaeontology teams. Together with my colleague, Sopian, I collected some freshwater shrimps when I joined the rainbow team. For the last two days I have joined the palaentology team and have collected brackish crustaceans from the goups of zooplankton, crabs,and shrimps. Although I haven’t examined the specimens in detail, yet I expect at least there are new records resulted from the work. So, carry on guys! 2_Conni_and_eagle.jpg, nov. 2010 This pic has nothing to do with crustaceans, just showing off that I was nearly brave enough to pet an eagle 😉 3_crustacean.jpg, nov. 2010 A small sesarmid is wandering on my finger

By Conni Sidabalok

J5, l’apothéose

Par Gilles Segura gilles.jpg, oct. 2010 La mission que nous avions acceptée nous avait parue anodine hier. Comme les 2 populations/espèces récoltées en mangrove l’ont été en milieu sulfureux, commande nous a été passée d’échantillons d’eau pour mieux cerner leur milieu.

Départ donc tranquillement à 8h30 à 6 dans le zodiac, Domenico, Amir, Gigih, Sopian, le motoriste et moi. Nous débarquons sur la piste de Kaimana en construction pour a priori une trotte d’une bonne dizaine de km. Le temps est à l’orage ce qui est plutôt agréable grâce à l’air frais. Nous arrivons à la rivière bleue où nous faisons admirer ce site fantastique à Domenico, la confluence des eaux bleue-laiteuse de la mangrove et des eaux vertes fluorescentes de la résurgence offre un spectacle vraiment envoûtant et irréel. Notre ami le croco que j’espère shooter cette fois, plonge dans les eaux dans un bruit de tonnerre sans doute renseigné par les cris perçants des cacatoès que nous dérangeons.

Nous repartons pour une première station située à 6 km de vol de GPS. Malheureusement, les kms s’enchainent avec une régularité inquiétante et certains commencent à prendre du retard sur le groupe. Entretemps, la pluie s’est mise à tomber avec violence nous trempant jusqu’aux os. Nous arrivons à 12h30, sous des trombes d’eau qui rendent la route glissante, à l’ancien chantier qui est de fait notre première station. Nous déjeunons de mie (pates chinoises), de crackers et de lait concentré sucré. Mon GPS m’indique que la seconde station est encore à 3.5 km en ligne droite. Compte tenu de notre allure à l’aller et de notre rdv avec le zodiac à 16h30, il apparait impossible de boucler le tout dans le temps imparti. Nous décidons dans un 1er temps de nous séparer en 2 équipes, ceux qui restent au camp et qui feront le prélèvement local et ceux qui partent rapidement au point 2. Au camp, nous trouvons des chasseurs qui s’abritent de l’orage, accompagnés, si j’ose dire, d’un kangourou en morceaux. Ils finissent par nous rendre visite, et nous en profitons pour les interroger sur la présence de rivières potentielles dans les environs et surtout sur la distance au point 2. La sentence tombe : au moins 5 kms. La faisabilité de notre 2nd prélèvement se pose d’autant que la pluie redouble même si cela parait difficile. Un chasseur finalement propose de nous prêter sa moto pour que nous puissions y aller. Voila une idée qu’elle est bonne …

Nous voici donc partis tous les 2, Domenico et moi, équipés de nos capes de pluie respectives vers la Honda. Après quelques essais, Domenico maîtrise le démarrage du moteur et la 1ère. Nous voici donc partis glissants sur la glaise, jusqu’à la 1ère ornière dans laquelle nous nous plantons lamentablement jusqu’au moyeu. Ma malléole s’en souviendra longtemps je pense. Nous repartons ainsi jusqu’aux prochains écueils dans lesquels je laisse Domenico se dépêtrer pendant que je trotte jusqu’à la prochaine zone qui me semble à peu près négociable par le pilote. A partir du 3ème arrêt, je perds de vue Domenico qui ne me rattrapera plus. Je trottine donc jusqu’à une montée redoutable où les ouvriers ont passé la lame la rendant totalement lisse et au combien difficilement négociable même à pied. Arrivée au somment je suis épuisé d’avoir glissé.

Quant à Domenico, il mettra ½ heure à franchir l’obstacle. Pour ma part, je continue donc à pied les yeux rivés sur le GPS pour observer la distance à la cible qui diminue : 2 km, 1 km, 300m, 140m, 141m. Le point le plus proche depuis la piste à la résurgence est donc à 140 m. J’attends encore 15 minutes Domenico, puis je décide de m’enfoncer seul dans la forêt armé de ma machette et de gants. Je laisse bien en évidence mon sac de portage jaune au bord de la route pour que Domenico repère mon layon. Je descends difficilement l’éboulis créé par la piste jusqu’au fond de la doline quand j’entends la machine pétaradante. Domenico apparait dans la trouée mais il est trop épuisé pour me suivre et restera sur la route pour m’attendre. Pendant ce temps je poursuis mon avancée au milieu des arbres pourris qui jonchent la forêt. Je change de doline en observant le moindre mètre gagné sur le GPS jusqu’à 44 mètres où je passe 10mn à tailler tout ce qui se présente sans gagner le moindre mètre. Arrivée aux abords de la rivière, la végétation se fait moins dense et la progression beaucoup plus rapide. Au loin, Domenico hurle mon nom de temps en temps pour glaner quelques infos sur ma progression. La bonne odeur des sulfures me ravit enfin les papilles ; la rivière est enfin atteinte. Les prélèvements faits, le retour est rapide grâce au layon et je peux enfin rassurer Domenico. Finalement j’aurai franchi les 140 petits mètres en 45 minutes. Nous repartons immédiatement sur la Honda, avec un Domenico beaucoup plus conquérant. Il maitrise nettement mieux la bête, de toute façon les italiens naissent presque assis sur une vespa donc je lui fais confiance. Il possède maintenant un style redoutable pour passer en force les zones inondées. Au km 2, le mur de glaise est là toujours infranchissable à 2. Je le laisse donc au somment de la piste noire et pars devant. Cette fois encore je ne reverrai pas mon pilote avant le camp. Arrivé au camp, je fais expliquer la situation au chasseur/prêteur de scooter en précisant que Domenico ne tardera pas. Chose faite mais 20 minutes après moi, Domenico arrive finalement mais sur ces 2 pieds seulement. La machine quant à elle a rendu l’âme à 10 minutes à pied. Domenico, tout penaud, explique la situation à notre charmant prêteur et s’excuse en lui remettant les 5000 roupies que nous possédons (moins d’un demi euro, mais c’est notre seule richesse !). Il est 16h10, il nous reste donc 2 heures pour faire les 10 km de retour avant la nuit. Notre challenge sera donc de maintenir la moyenne pour arriver dans les temps malgré la piste ravagée par la pluie. A force de motivation de nos troupes, le débarcadère apparait enfin dans le clair-obscur à 18h15, contrat remplit. Et par bonheur notre motoriste est là bien à son poste depuis 16h30. Merci à lui. Une bonne heure plus tard, notre vaillant zodiac et son petit 15 cv nous ramènent à bord sous les acclamations de la foule en délire.

Par Gilles Segura

2 réflexions au sujet de « Sous la pluie encore »

  1. gilles,

    bon sang, tu t’es bien gardé de révéler ce talent de narrateur pdt la première partie du séjours. Un scandale de rétention de compétences.
    Soyez prudent les zouzous et gardez l’oeil ouvert sur les hydrobies.
    ici, temps clément et doux, je m’empiffre de fromage et de pinard … bientôt votre tour.
    amicalement
    zouzou

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