J-23 ! Une poignée de jours avant le grand départ vers les terres de Papouasie occidentale. Toute l’équipe est sur les dents avec les derniers préparatifs, l’administratif en urgence, la valse des papiers officiels, des billets d’avion, visite médicale et autres joyeusetés d’avant-embarquement. Les sacs personnels ne sont pas encore bouclés mais chacun élabore mentalement la liste des bricoles à empaqueter : corde, casque, baudrier pour les spéléos, matériel de prélèvements pour les biologistes, matériel de communication pour le chargé des liaisons satellites et une liste sans fin pour Laurent, le porteur de projet en France. Même si la plupart des membres de l’équipe sont des habitués à ce type de projet, il existe une constance dans la préparation d’une expédition, la dernière ligne droite est un long marathon où tout s’accumule désespérément, mais comme par miracle, les milliards d’embuches se verront régler à la veille du départ, et quelque fois même, dans les premiers jours sur le terrain. L’ambiance d’avant expédition est donnée par les innombrables coups de téléphone et aller-retour de mails notamment en cette traditionnelle reprise de l’activité sociale de cette rentrée de septembre.
Il faut avouer que ce projet n’est pas une mince affaire. Il s’agit tout de même d’envoyer une bonne trentaine de biologistes, paléontologues, spéléologues français et indonésiens explorer l’un des réservoirs de la biodiversité les moins bien connus de la planète et dans l’une de ses zones les plus difficiles d’accès : la Nouvelle-Guinée, anciennement nommée « la Terre des Papous ». Ce nom résonne comme une terre promise aux oreilles des biologistes et des explorateurs. Probablement, les dernières zones du globe où le terme Terra Incognita s’applique encore et qui est principalement explorée par l’imagerie satellite ou les photographies aériennes. Notre zone d’étude, le massif karstique de Lengguru situé dans la région de Kaimana, ce lambeau de terre qui relie la péninsule de la Vogelkopf, nommée ainsi en raison de sa ressemblance avec une tête d’oiseau, avec le reste de la Nouvelle-Guinée. Le programme est simple : remonter par zodiac des rivières qui nous permettront d’accéder au cœur du massif afin d’y explorer non seulement les écosystèmes de surface mais aussi les milieux souterrains grâce aux compétences des spéléologues.
Le calendrier s’annonce déjà lourd. Départ de France de l’équipe le samedi 2 octobre, arrivée le 3 à Jakarta. Démarches administratives oblige, nous y serons en villégiature jusqu’au jeudi 6. Puis transfert par avion pour un saut de puce jusqu’à Sorong et un embarquement quasiment immédiat le 9 octobre sur le bateau de l’Apsor. Deux jours et deux nuits de navigation et l’équipe Franco-indonésienne touchera enfin la terre promise aux alentours du 12 octobre.
Le travail de terrain pourra enfin commencer sur les différentes zones de l’expédition pour sa première phase jusqu’au 29 octobre avec le retour en France des premiers participants. La fin de l’expédition étant programmée vers le 19 novembre. Plus d’une année de préparations et seulement 7 semaines de terrain. Il ne s’agira pas de s’économiser pendant cette période.
Durant tout le séjour, le bateau de l’Apsor servira de camp de base pour la plupart des participants, sauf pour ceux qui pénétreront au cœur du massif pendant quelques jours en pleine autonomie. Le bateau servira aussi de base de communication avec l’installation d’un relai satellite, type Inmarsat BGAN, qui nous permettra de rester en contact par mail ou par téléphone avec la France et le reste du monde. Ce lien, toujours surprenant au bout du bout du monde, nous permettra, entre autre, de gérer des programmes pédagogiques avec des élèves de France et d’Indonésie. La biodiversité en direct de Nouvelle-Guinée, faut avouer que pour une « leçon de choses », on peut trouver pire ! En attendant, encore un petit mois de préparations.