Déploiement sur le terrain

De Olga Otero et Jean Chevallard olga_medecin.jpg, oct. 2010

le 14 octobre 2010

Bonjour, L’expédition commence à prendre son rythme : les groupes constitués par zones d’intérêt s’organisent. Sigit, Siyanto et Jean-Michel, sont partis échantillonner par zone d’altitude dans le relief au dessus de Lobo pour au moins trois jours (ce qui explique que ce dernier ait laissé son poste aux manettes du blog). Le groupe des archéos reste sur zone dans la baie pour travailler en bordure de mer. Tandis que le reste de la troupe a fini d’évaluer les conditions actuelles d’exploitation de la zone du lac de Kamaka. Demain départ pour le lac avec d’une part les spéléos qui vont aller explorer les grottes, tandis que bios et paléontos vont échantillonner. Si les préparatifs sont en cours autour de moi pour cette expédition qui durera 3 jours (environ !), donc avec la première installation d’un ou deux bivouacs de grande dimension (nous sommes près d’une vingtaine à partir), c’est qu’aujourd’hui nous avons achevé les rencontres et les mini expé d’approche sur la zone :

Hier, c’était la remontée de la partie aval de la Lengguru et l’observation des premiers 300 mètres de relief au dessus de Lobo. Aujourd’hui nous nous sommes focalisés sur la zone est du fond de la baie.

Lors du trajet, une baleine a choisi de nous accompagner sur une bonne centaine de mètres. Ce type de rencontre est d’autant plus agréable qu’elle est inattendue ! Si les discussions vont bon train sur l’identification du bestiau (à vos suggestions, j’espère que la ligne de la dorsale vous aidera !), les opinions convergent sur sa longueur : 8 mètres environ. On l’a revue ce soir à quelques centaines de mètres du bateau-base, elle avait l’air d’avoir trouvé des ressources alimentaires à sa convenance (vu les pêches quasi miraculeuse de l’équipage cette après-midi, pas trop de soucis de ce coté là).

Photo1.JPG, oct. 2010 Ensuite, nous sommes allés à la rencontre des chefs de village de Kamaka et de Lumira (anciennement Warika). Ces « palabres » ne sont pas que la moindre des politesses avant d’entrer sur le territoire des villages. C’est le moment d’expliquer aux habitants de cette terre si peu connue ce que nous sommes venus faire. C’est aussi le moment où nous récoltons des informations précieuses sur l’état des éventuelles routes (le chemin le plus court n’est pas forcément la ligne droite) et sur l’existence de grottes, le niveau d’eau des cours d’eau et des lacs…. En l’occurrence une route anciennement empruntée par des tracteurs de débardage nous permettra d’accéder au lac de Kamaka depuis le village qui porte le même nom. Ce sera 5km à vol d’oiseau environ, probablement 7 ou 8 km réel et une altitude maximale autour de 300m…. Dans les conditions de la route ce sera un exploit si on atteint le lac en 2h. En fait, il faudra économiser ses forces, que chacun aille à son rythme.

Une autre information, c’est la résurgence d’eau douce en mer que nous avons pu localiser. L’eau bleu claire nous indique clairement cette arrivée d’eau. Les remous de la zone montrent que le débit est élevé. Pour le moment nous répertorions ces résurgences, puis nous allons systématiquement prélever les organismes qui s’y sont développés (on connaît bien peu de chose sur ce type d’environnement) et mesurer les paramètres physico-chimiques qui caractérisent l’environnement et nous renseigneront sur les conditions de circulations souterraines de ces eaux. Photo2.JPG, oct. 2010 Ensuite à la recherche de grottes et résurgences d’altitude nous avons fait l’expérience du sentier papou dans une forêt au sol pentu (c’est le moins que l’on puisse dire), puis de la montée en forêt, suivant un chemin ouvert à la machette, une partie du trajet se fait sur des troncs qui surplombent des vides plus ou moins impressionnants. A vrai dire, dès que ça dépasse le mètre ça devient impressionnant car on évalue mal de quoi est fait ce « sol » caché par les feuillages… Sur la photo les visages sont souriants, comme quoi cette « promenade » n’a pas altérer l’enthousiasme de la troupe ! Même si pour nombre d’entre nous, comme Intan ou moi-même, c’était une première. Au fait, combien de personnages se cachent dans le décor (2, 3, 5. Vous pouvez envoyer vos réponses, mais il n’y a rien à gagner que notre estime). Photo3.jpg, oct. 2010 Enfin, nous sommes redescendus, mais la marée, elle était montée… Certains n’ont pas eu peur de mouiller la chemise (qui de toute manière était déjà trempée de sueur) pour approcher les zodiacs de la berge. Bon, l’orage approche. Arrivera-t-il jusqu’à nous ? En attendant la suite des aventures, je passe la main à Jean qui va vous expliquer comment l’aspect « santé » de la mission a été géré.

Olga Otero, dans la baie des Tritons

Voilà deux jours que nous sommes ancrés en face de Lobo. Les premières équipes de reconnaissance sont revenues pleines de promesses. Les archéologues sont aux anges, ceux dédiés aux caprins, vu les bonds de ces chers fouisseurs. Le moral est bon, la forme physique excellente et la mise en route progressive. La pathogénie reste quiescente. Les soirées sont rythmées par le rite paludique quotidien de la pilule vespérale. Nous retiendrons à ce jour que peu de dommages. En premier lieu, petite traumatologie essentiellement orthopédique : Erythèmes, échauffements et dermites de macération disparaissent en une nuit. Petites plaies jugulées par eau oxygénée et bétadine dermique. Elles soulignent la soif des équipes pour les recherches sur le terrain sans ménagement pour les extrémités distales. Ensuite vient une pathologie bien connue sous nos climats tempérés en période estivale : la phase de début est marquée d’une durée d’incubation variable, de quelques heures, pernicieuse car elle procure le plus souvent au patient une sensation de bien-être. En phase d’état, le désagrément se fait sentir. Il se caractérise sur nos peaux d’européens par un éryhtème rouge vif des parties exposées. La sensation de chaleur bienfaisante fait place à celle de cuisson type vapeur. Ces signes peuvent se majorer au retrait de la source pathogène. Il est douloureux au palper et empêche parfois le sommeil. Nos deux Philippe en ont fait les frais. Une seule solution : La Biafinothérapie en couches larges et répétitives. Nous appellerons cela, traumatologie solaire.

Les pathologies ciblées avant départ sont donc bien au RDV. La préparation médicale avec le Dr catherine Rossi (IRD), le Pr Eric Garnotel (HIA Laveran) et le Dr Eric Moreau (CHG de Rodez) à été optimale. Préparation des personnels, évaluation du risque sanitaire avec prise en compte du paludisme endémique dans cette région du globe et organisation locale d’éventuelles évacuations sanitaires. Ce dernier point reste sensible, les communications sont difficiles et le véritable seul moyen d’évacuer un blessé est héliporté. Le soutien sanitaire s’organise autour de trousses de secours pour chaque expédition et d’une trousse principale à usage médical. La trousse de secours se constitue essentiellement de matériel à usage des soins externes ou de petite traumatologie et pour la partie médicament, elle se résume à une pommade antiseptique et un antalgique de palier 1. La trousse médicale est plus conséquente depuis le nécessaire à perfusion en passant par le matériel diagnostic, les injectables, le Kit intubation endotrachéale et les instruments de petite chirurgie. Nous avons également un kit de diagnostic rapide du paludisme sur bande chromatographique. Pour des raisons de poids ou de conservation nous avons délaissé le matériel d’immobilisation et les sérothérapies anti-venimeuses. Il est vrai que faune et flore sont ici potentiellement mortelles pour certaines espèces mais les conseils de Philippe Gaucher, herpétologue en titre, nous seront précieux. Contrairement à lui, nous tenterons de les éviter. A suivre donc… En espérant qu’au fil du temps et de la fatigue les évènements ne feront pas revenir sur ces premières impressions.

Jean Chevallard, dans la baie des Tritons Photo4.JPG, oct. 2010

6 réflexions au sujet de « Déploiement sur le terrain »

  1. Jeudi 14 octobre à 20h19

    …Cinq je dirais cinq personnes sur la photographie dans la forêt….

    Bonjour,

    Une baleine, formidable rencontre !
    Impressionnée par « l’intendance santé ».
    Je fais un beau voyage avec vous.
    Nathalia

  2. Bonjour,

    Merci pour les belles photos qui nous permettent non seulement de rêver mais aussi de visualiser votre environnement et de voyager avec l’équipe. Je vous envie ! Profitez bien du soleil et de la chaleur, ici la température descend doucement vers les valeurs hivernales. Bonne continuation.

  3. Bravo l’artiste pour les photos…
    Je vois également 5 personnes sur la photo.
    Bon courage à tous, bonne aventure et gros bisous à Olga.
    Pèj

  4. Bonjour à toute l’équipe, et chapeau à Jean pour son article !

    Cette expédition, quelle expérience extraordinaire !
    Les photos de la baleine et de la résurgence d’eau douce sont superbes, on a envie de sauter à l’eau…heu juste envie, çà doit être dangereux.
    A quand le film de vos aventures ? Nous attendons avec impatience la suite…
    Bon courage

  5. Superbes photos…Très agréable grâce à vous de voyager sans bouger.Bravo pour les articles et merci de nous faire vivre l’expedition au jour le jour.Bonne continuation.

  6. Bonjour, alors les Philippe on a oublié que la meilleure crème solaire c’es le T-Shirt et le bob…. J’espère que les anophèles ne sont pas attirée par ces 2 phares rougeoyant.
    D’Jack

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