Retour au bateau base

Lundi 18 octobre 2010, 18h42,  une fréquentation inhabituelle sur le pont arrière qui contraste avec le calme de ces derniers jours. En effet, les équipes sont de retour de la zone de Kamaka et, à part le groupe Gobies qui bivouaque ce soir sur la Lengguru, toute l’équipe est présente à bord de l’Airaha. Les visages ont bien pris le soleil, les barbes naissantes sont devenues bien consistantes et les joues légèrement plus creuses. On sent une certaine fatigue mais au final tout le monde est en bonne santé, satisfait de leur repérage et travail sur cette zone d’étude.

Dès ce soir et pour les prochains jours, le journal de l’expédition sera alimenté par un casting de rêve : Jean-Christophe biologiste moléculaire, Olga pour la paléontologie, Guilhem pour le groupe Karstologie-Spéléologie et je terminerai par mon billet. Entre-temps, je vais tenter de vous dénicher un ichthyologue encore frais.

Demain, journal de bord exceptionnel avec les articles de nos collègues indonésiens et une surprise de taille.

1. Expédition sur le lac Kamakawala

vendredi 15 octobre – lundi 18 octobre

Jean-Christophe Avarre JC_Avarre.jpg, oct. 2010 Le lac Kamakawala (ou Kamaka de son petit nom) présente un intérêt scientifique pour quasiment tous les membres de l’expédition car il représente un écosystème très particulier. Ainsi, la compréhension de sa formation et de son fonctionnement devrait apporter des informations très utiles sur l’évolution et l’écologie des organismes peuplant ce type de milieu. Nous sommes donc partis à la « conquête » de ce site en large groupe, tous motivés par des questions qui nous préoccupent individuellement : quelles espèces de poisson arc-en-ciel ou de crustacés abrite-t-il, quelles espèces d’insectes et d’amphibiens vivent autour, est-il riche en phytoplancton, de quel type de fossiles regorge-t-il, représente-t-il une zone d’hybridation pour certaines espèces d’oiseaux, comment vivent les populations locales, comment le lac est-il alimenté, comment est-il connecté aux autres lacs situés en contre-haut…? Le lac Kamakawala est situé à quelques km à l’intérieur des terres, à l’est de la baie de Triton et à environ 140 m d’altitude. Il est accessible au départ du village de Kamaka par un petit col de 300m de hauteur, ou encore par le village de Lumira. Nous sommes partis vendredi 15 octobre à 7h20  pour le village de Kamaka, point de départ pour accéder au lac. En chemin, nous avons rencontré 2 baleines ainsi qu’un banc de dauphins, signe d’une journée qui commençait bien… Arrivés à Kamaka, nous avons recruté des guides-porteurs locaux, et somme partis à l’assaut du petit col permettant d’accéder au lac. Environ deux heures ont été suffisantes pour atteindre le lac, par une forte chaleur et un taux d’humidité quasi-saturant. La plupart des jeunes indonésiens ont éprouvé plus de difficultés et ont mis beaucoup plus de temps. Les sacs de tubes pré-remplis d’alcool ou autres duvets transportés à bout de bras par les plus optimistes – ou les moins avertis – ont rapidement atterri sur les épaules des plus robustes, au premier rang desquels les porteurs papous, qui bien que petits, peu épais et pieds nus, s’avéraient particulièrement performants. La forêt humide est toujours impressionnante à traverser, avec ses arbres gigantesques, ses bruits assourdissants et ses odeurs puissantes.

A plusieurs reprises, des calaos nous ont survolés, faisant un bruit ahurissant de « bombardiers B52 » ; malheureusement, il était difficile de les apercevoir au dessus de la canopée. Arrivés au lac, 20 minutes de pirogue nous ont suffi pour rejoindre un campement papou (« oran » en langage local), que nous avons utilisé comme camp de base pour les 4 jours. Ici, le bout du monde commence réellement. Quelques familles papoues vivent là, sans électricité, dans le dénuement le plus inimaginable. Leur maison consiste en une pièce ouverte recouverte d’un toit de pandanus, et divisée en un espace de nuit (une mezzanine à 1m du sol en rondins de bois recouverts d’écorces fendues, permettant de s’isoler des fourmis) et un « coin cuisine » pour y stocker les ustensiles. Ils prélèvent leur eau dans le lac ou dans la rivière qui coule juste derrière. Je n’ai pas d’idée précise de l’espérance de vie de ces gens, mais elle ne doit certainement pas dépasser 40 ans…

3_cuisine.JPG, oct. 2010 Voilà pour le contexte général de l’expédition. Maintenant, je laisse les collègues décrire leurs activités scientifiques au cours de ces quatre jours. Pour ce qui me concerne, j’ai fait des échantillonnages qui permettront d’analyser le contenu de l’eau en phytoplancton.

Comme je n’avais pas de bidon (trop encombrant à transporter), nous avons prélevé l’eau avec des sacs plastiques (moins pratique), à une centaine de mètres du rivage, depuis une pirogue locale, très longue et étroite, et donc assez peu appropriée. Intan, ma jeune collègue indonésienne qui travaille à l’APSOR de Sorong et avec qui nous faisions les prélèvements, était assez inquiète sur la stabilité de la pirogue… Malheureusement, nous n’avons pas pu mesurer l’oxygène dissous ni le pH de l’eau, car l’appareil n’a pas voulu fonctionner, brrr. En revanche, la température du lac à 3 m de profondeur était de 31,3°C. De retour sur la berge, notre « labo » consistait en un tapis de sol. Sous les yeux curieux et amusés de tous les autochtones, nous voilà partis pour fixer un peu d’eau dans du formol pour l’analyse en cytométrie de flux, passer de l’eau sur un filtre en papier pour analyser son contenu en chlorophylle, puis filtrer toute l’eau restante à travers un « filtre à plancton » dont la maille de 10 µm permet de retenir toutes les cellules de taille supérieure…

1_labo.JPG, oct. 2010 Nous avons effectué ces échantillonnages sur l’eau du lac Kamaka, ainsi que sur l’eau d’un petit lac situé en contre-haut de la partie sud-est du Kamaka et d’une autre retenue d’eau surplombant la rive nord-ouest du lac. Pour ces deux derniers, l’eau a été rapportée à bouts de bras dans des sacs en plastique, en prenant bien soin de ne pas les crever, ce qui n’était pas forcément évident vu l’état des sentiers utilisés pour y accéder et les dangers qu’ils recelaient… Pour terminer, il est également intéressant de savoir que les rives nord et sud du lac sont distantes d’environ 10 km, ce qui représente environ 3h de pagayage intensif sous le soleil brûlant.

2. Première expé sur site de plusieurs jours avec camp de base

Par Olga Otero olga.jpg, oct. 2010 A vrai dire, le trajet se passe plutôt bien pour moi. Mon barda doit légèrement dépasser les 15kg. Le sac à dos bien ajusté. Il a fallu trouver le juste équilibre dans le choix du matériel de travail sur le terrain (pelle pioche, massette, burins, bandes plâtrées, tubes et sacs échantillons, tamis, bassines et la petite bâche pour faire sécher d’éventuels sédiments, sans oublier l’acide acétique et l’eau oxygénée pour d’éventuelles attaques, mais aussi masques et gants pour travailler dans les grottes à chauves souris…) et puis emporter de quoi se changer, se laver, et de quoi bien dormir. Rien de superflu, mais tout ce qu’il faut. A vrai dire je sais que je n’aurai a priori besoin que de la massette et du burin, et bien sûr des tubes et sacs échantillons. Mais prendre l’ensemble du matériel dont je peux avoir besoin, me permet (1) de tester sur une petite distance (nous n’avons que 7km de marche en piste forestière à faire) comment j’arrive à trimbaler l’ensemble de mon matériel « en autonomie » dans ces chemins dans cette chaleur moite (ou si j’ai besoin d’un porteur) et (2) de parer une éventuelle surprise dans ce que je vais trouver !

Nous savons que le lac est proche de son niveau max et j’ai pu constater qu’effectivement les dépôts et les affleurements sont tous sous l’eau. On ne peut voir que quelques lapiaz actuels qui forment le sol dans des zones ravinées de la forêt. Pas de découverte majeure, mais des enseignements importants pour moi dans la suite de mon travail. Pour la première fois je suis descendue dans une grotte et j’ai observé ces formations karstiques typiques « en vrai ». Premier enseignement : il va falloir que je change de frontale, sinon, pour le reste tout est dans les clous, à part qu’il vaut mieux laisser son sac de matériel en haut avant une première inspection ; pour cela, quelques sacs échantillons dans la poche, cela suffit… Sinon, par endroit on observe bien les récifs qui forment une partie des séries carbonatées du prisme, mais on les observe mieux en bord de mer où mon collègue Sinung et moi complèterons nos observations sur cette formation. En fait, ce qui a vraiment été important pour moi (les séries marines m’intéressent moins), c’est de voir grandeur nature le résultat de la tectonique si particulière qui affecte le prisme, c’est-à-dire de voir sur le terrain, dans le paysage, le résultat de plissements, des chevauchements… (le paysage est une sorte de synthèse de l’histoire géologique quand on sait le lire ; ça c’est pour mes élèves). Cela permet de prendre la mesure des objets et des contraintes qui les ont affectés.

Sinon, quelles impressions sur cette première virée en forêt et au bord du lac ? Tout d’abord, les paysages sont époustouflants PHOTO. La forêt est pleine de bruits. Une cigale qui fait un bruit de vuvuzela en plus strident, qui accélère, accélère pour s’éteindre avant de…. S’y ajoutent des tonnes de chants et de cris d’oiseaux, dont un énorme calao à l’aérodynamique de réfrigérateur (américain, ceux avec le distributeur de glaçons sur le côté) qui en plus de ses cris a un vol ultra bruyant. Je vais essayer de les enregistrer, en tout cas, aucun d’entre nous n’a pu les photographier (de façon générale, les oiseaux sont très difficiles à photographier, les araignées moins). Mais humainement, ce qui marque c’est la rencontre avec les gens de ce village (5 maisons, 5 familles) du bord du lac. Ils nous ont accueillis avec une gentillesse incroyable. Les enfants sont toujours aussi adorables, un peu intimidés, dans les jambes de leurs pères ils attendent un sourire ou un signe pour le renvoyer. Je laisse d’autres vous parler du village, pour m’attacher un peu à la cuisine papoue (en fait souvent en mission, la nourriture pêche, mais à vrai dire, ici c’est toujours un régal, même lorsque c’est un peu spartiate). Dans ce village, les gens sont avant tout chasseurs. 5_papou.JPG, oct. 2010 En plus de notre riz et de nos pâtes, on a pu manger le produit de leur chasse et des plantes de la forêt. Tout d’abord le sagu, à la base du plat de référence papou qu’il faut avaler sans la mâcher (un peu gluant). C’est un palmier dont le cœur est râpé puis cuit (il parait que dans d’autres coins, ils le grillent en galette). Cru, c’est un peu amer, un goût fermenté. Nous avons pu manger du cerf puis du kangourou arboricole. Ce qui est fabuleux c’est l’organisation du foyer et les modes de cuisson des aliments PHOTO: brochettes de viande grillée ou cuisson à l’étouffée dans un tube de bambou, fermé par une feuille de palmier (le gibier devient alors tendre). Sur le côté, le riz reste au chaud et de l’autre côté, l’eau chauffe pour le café. Quel bonheur de voir ça. Quel pied d’être là et de manger ça.

Olga Otero, de retour sur l’Airaha 2, au large du village de Lobo, dans la baie des Tritons. Nb : il y avait 5 personnes (regardez bien entre les feuilles !) sur la photo « mystère » ; Bravo Nathalie.

3. Compte rendu de l’équipe (de gauche à droite) Hubert, Bruno, Laurent, Guilhem, Amos, Lucas et deux porteurs du village de Lumira

hub_laur_bru_guil_amos.jpg, oct. 2010 Par Guilhem Maistre guilh.jpg, oct. 2010

Lac Kamakawallar du vendredi 15 au lundi 18 octobre 2008.

Vendredi

Après les formalités au village de Kamaka, Bernard nous dépose au village de Lumira au milieu de la baie de Triton. Deux porteurs sont recrutés sur place et nous attaquons la montée d’abord à travers les jardins, puis dans la forêt. Les sentiers papous respectent toujours le principe de l’azimut brutal : droit dans la pente, pas de lacets. Bien chargés et avec la chaleur ça calme. Un col est atteint assez rapidement, puis nous longeons un chapelet de dolines. Heureusement les papous ont eu le bon goût de tracer leur sentier à flanc. Nos porteurs nous montrent une petite entrée de grotte à 30 m du sentier, il faut ramper pour y pénétrer, pas vraiment ce qu’on attendait en Papouasie. Une salle d’effondrement un peu plus spacieuse abrite des chauves-souris, un oiseau troglodyte, un crapaud et diverses araignées. Fin de la grotte, poursuite de la route. Un peu plus loin nous inspectons quelques fonds de dolines, donnant sur des chapelets d’entonnoirs impénétrables et terreux. Au bord du sentier une perte dans la roche semble pénétrable, Guilhem se râpe le dos en y descendant, fin à -3 m. A partir de là, Lucas notre accompagnateur et porteur originaire de Lobo a compris ce que nous cherchons. Enthousiaste, il part dans tous les sens examiner chaque point bas du champ de mines que nous traversons. Enfin une belle entrée s’offre à nous à droite du chemin. Bruno s’équipe et installe la corde pour descendre les 7 mètres du ressaut d’entrée. Ensuite nous le voyons disparaitre dans les profondeurs. Malheureusement il revient vite, c’est bouché vers – 20 m. 4_bruno.JPG, oct. 2010 Nous atteignons enfin le lac, manifestement en très hautes eaux et en cours de montée au vu de la végétation récemment noyée.

Laurent voit tout de suite des poissons arc-en-ciel et sort son épervier. Pendant ce temps un de nos porteurs abat du bois tendre pour tailler des pagaies avec sa machette pendant que son collègue va chercher une grande pirogue monoxyle garée dans les fourrés.

En route pour les 5 km de navigation qui nous amèneront à l’extrémité sud-est du lac et au campement de l’équipe principale montée par un autre chemin à partir du village de Kamaka.

Samedi

Navigation sur la rive Nord-Est du lac en direction de la pointe Nord. Vers le milieu nous nous arrêtons et les papous nous emmènent voir une rivière qui disparait sous terre. Effectivement après environ 1 km de marche nous passons un col et un grondement se fait entendre. Une descente raide et ébouleuse nous mène à un cours d’eau important et assez limpide. Laurent repère des poissons arc-en-ciel, mais la profondeur et le courant rendent leur capture difficile. Des crabes et des écrevisses sont aussi présents. Hubert et Guilhem profitent d’un arbre en travers pour lever un profil du lit et faire une estimation du débit : entre 15 et 25 mètres cubes par seconde, ce n’est pas rien. Encore raté pour les spéléos, la perte de la rivière est noyée, pas question de plonger dans ce courant. Près de notre but de la journée nous allons visiter un abri sous roche. Des cranes de crocodiles attestent définitivement la présence de cette espèce dans le lac. Nous rejoignons une famille de chasseurs installée sur une langue de sable en train d’être mangée par la montée du lac. A la nuit Jean-Christophe nous rejoint sur une petite pirogue à l’étrave percée. Lors d’une balade nocturne aux alentours en pirogue Laurent voit quatre crocodiles dont un à 20 m du bivouac d’une partie de l’équipe. Chacun s’efforce d’installer son couchage en fonction du pullulement des fourmis.

Dimanche

Le matin, excursion à la rivière qui arrive à l’angle du lac. Nous remontons de larges dômes de travertins sur une quarantaine de mètres de dénivelée.

Après une centaine de mètres horizontaux une cabane papoue marque la bifurcation entre la rivière qui reprend un parcours pentu et travertineux dans un vallon encaissé et une large vallée sèche occupée par deux jardins de taros et des cases, il y a une occupation humaine permanente ici, ces gens sont vraiment isolés et loin de tout. Laurent retrouve un point de prélèvement de poissons sous la forme d’une large mare.

Bruno, Hubert et Guilhem remontent la rivière sur une quarantaine de mètres de plus en dénivelée pour trois cent mètres en distance. Nouvelle déception, l’eau sort entre des blocs de rocher, la source est impénétrable. Une petite grotte est trouvée juste à côté, mais sans prolongement significatif.

L’après-midi retour en pirogue jusqu’au camp sud-est du lac.

Lundi

Retour à la côte puis au bateau.

4. Nouvelles pistes

Par J.M. Bichain JM.jpg, oct. 2010 Journée reposante. Levé vers 7h00. Bernard, Jacques, Christophe et moi-même partons au boulot vers 9h00. En guise de bus, un zodiac rutilant et une circulation fluide sur une mer d’huile. Nous traversons la baie de Triton, passons devant l’estuaire de la Lengguru, puis le zodiac file vers un bras de rivière qui court parallèlement à la grande rivière au Nord-est et qui s’enfonce dans la forêt. Objectif de la matinée, repérages de ce linéaire en espérant trouver sa source et pourquoi pas un porche d’un réseau souterrain. Nous naviguons un petit quart d’heure et butons rapidement sur un cul de sac de mangrove. Réponse immédiate à notre question. En gros, ce bras de rivière est probablement connecté à la Lengguru via la mangrove. Ce contact est invisible sur les photographies satellites mais nous observons très clairement le verrou de forêt et non une source. Il s’agit peut-être même d’un ancien estuaire de la Lengguru. Au retour, petite halte au bord de cette petite rivière et j’en profite pour réaliser des échantillonnages. Bon sang ! Parmi la végétation immergée des escargots minuscules. Une espèce de plus dans ma besace. Dans cet élan de récoltes frénétiques, je demande à Bernard de me déposer dans un bras mort afin d’aller échantillonner au sein même de la mangrove. Je me mets à l’eau prudemment dans ce repère à crocodiles. Bon, normalement, les bestiaux dorment à cette heure. Le risque est donc minime. J’ai beau le savoir, j’avance prudemment, en alerte au moindre bruit autour de moi. Lorsque le niveau de l’eau le permet, je prélève boue et feuilles pourrissantes entre les pneumatophores, ou racines aquatiques, des palétuviers. Aujourd’hui, cette la fête ! Une autre espèce d’escargot.

Je remonte sur le zodiac plutôt satisfait et avec mes deux jambes. De quoi siffloter d’un air dégagé.

Cap sur Lomira pour échantillonner une source en altitude. Vingt minutes de navigation est débarquement sur le ponton du village. Nous y retrouvons l’équipe des archéologues qui y ont passé la nuit. Ils ont négocié pour moi l’accès à la source et l’affaire ira donc vite. Deux papous robustes me prennent en charge et direction la source. Nous quittons rapidement le village et retrouvons rapidement une de leur autoroute forestière. Rythme papou, les gaillards pieds nus filent comme des gazelles à travers les dénivelés de la forêt. Moi qui étais encore sec, me voilà trempé de sueur à essayer de suivre le rythme. Une bonne demi-heure plus tard et deux litres d’eau en moins, nous atteignons un petit col puis redescendons dans un fouillis de fougères puis de roseaux et de nouveau la forêt. J’innove une nouvelle manière de me déplacer, le tronc d’arbre. Les déplacements désormais s’effectuent uniquement sur des troncs couchés et qui se superposent bout à bout. 6_piste.jpg, oct. 2010 Certains traversent de petites ravines d’autres une mer de fougères. Bref, nous avons quitté le sol pour au moins une centaine de mètres. Mes deux papous, véritables funambules, ne changent pas de rythme. Pour moi, je joue la prudence et un pied en l’air, une main accrochant … l’air humide. Ça passe. Nous arrivons enfin à la source de toutes mes convoitises. Prélèvements sous l’œil curieux de mes deux guides. Rien ! On ne peut pas jouer gagnant à tous les coups.

Retour aux villages, même itinéraire, même rythme. Je me jette dans l’eau cristalline d’une source d’eau douce qui se jette directement dans la mer. Eric et Irvin s’y baignent déjà et jouent avec les gamins du village. Fin de journée sur le terrain pour moi.

Nous repartons vers 16h00 avec toute l’équipe des archéologues, de Sigit et de Siyanto. Une bonne partie du village est sur le ponton et nous nous saluons chaleureusement. Dernière image de cette population du bout du bout du monde, chaleureuse et riante.

Je me demande encore où mènent réellement ces pistes papous.

Quel jour sommes-nous ? Celui d’une rencontre éternelle.

Message personnel : Bernard désire identifier Thésée. Je répète Bernard désire identifier Thésée. Que l’anonymat soit enfin levé !

6 réflexions au sujet de « Retour au bateau base »

  1. Pour Bernard : Thésée, Thésée…Athènes, puis Paris, un voyage chaque mois sans voguer sur la Mer Égée…et le retrouver parfois…quand il n’est pas sur un bateau…
    bizz et merci à vous tous d’alimenter aussi bien notre curiosité en ces temps moroses et ce malgré votre fatigue…

  2. Wahouu !! Quelle bonne bouffée d’Aventure… Jules Vernes peut aller se rhabiller.
    On a envie de vous l’apporter ce bidon à prélévement, non d’une pipe ! Et puis les crocos dorment peut-être, mais je ne suis pas sûr qu’ils sonnent le clairon quand ils chassent sous l’eau brr !
    On vous pousse, on vous tire, on transpire avec vous…
    Jaloux ? Certainement il y a de ça.
    N’y a-t-il pas un chamane papou qui pourrait aider les spéléo?
    Merci à vouzotes tertouss. Courage.
    D’Jack

  3. LU : Laurent voit tout de suite des poissons arc-en-ciel et sort son épervier.

    J’ai probablement raté quelque chose… Un épervier ? Le truc avec des ailes ou bien ?

    Pour l’histoire de Thésée, difficile de suivre le fil mais Bernard ne serait-il pas le Minotaure ? 😛

    A moins que Thésée ne suive Icare (ce qui bouclerait avec l’épervier)

  4. Salut a toute l’équipe ,
    Une pensée plus particulière pour les trois spéléos ,de la nostalgie et des souvenirs de 2001 alimentés par les photos du site ou là j’y étais !! .
    Bon comme à Kandrian !! vous allez les trouver les « Big » et pas des » peck peck « 
    Bises et sans rancune !!!
    pierre

  5. Cher Jean-Michel,
    Pourquoi lever le mystère ?
    J’ai perdu le fil de votre voyage, absent depuis deux jours de vos écritures.
    Je vais me reposer et vous lirai demain.
    Veuillez exprimer à Bernard toute ma gratitude envers son attente.
    Ici, dans le dédale des expressions, nos jeunes sont pris à feu.
    Je vous suis de tout mon coeur.
    Thésée

  6. Juste un petit mot pour vous dire qu’on lit maintenant le blog à deux ! Rituel immuable du soir qui remonte le moral entre manifs et dérives politiques… bref, vous êtes loin et vous ne ratez rien ! Parce qu’ici, c’est bo’del…

    Ces lectures sont en général ponctuées de deux, trois élégantes formules du type « Non, mais truc de ouf ! », « p*tain c’est des dingues… », « trop fort j’hallucine… » Pour rester dans le thème, « on kiffe grave vos aventures » soyez prudents…

    Papa (Jacques S), tout va bien, on pense très fort à toi, j’appelle Sandra ce week-end ! Gros bisous
    Ta grande fille

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