Note du webmaster : Pour découvrir en photos les explorateurs, rendez-vous sur la nouvelle page du site : l’équipe

Jean-François

Dimanche 14 novembre

Départ vers le retour

Par Olga Otero S’il est des démarrages longs (à l’amorce et ensuite), le départ de Kaimana n’en finit pas et n’est d’ailleurs toujours pas fini. Il faut dire que dans cette ville qui abrite au moins une mosquée et une église, un niveau d’activité proche de températures jamais connues dans cette région est atteint et même dépassé : même pas de marché. Les boutiques sont fermées et la seule activité de la journée semble être la sortie de la messe à laquelle j’ai assisté (la sortie, pas la messe !). J’attendais l’ouverture du warnet qui n’ouvrit pas. La sortie de messe : papa, maman, pitchoun coincé entre les deux sur la petite moto, parfois un second pitchoun à l’avant, tous bien vêtus et bien coiffés, femmes cheveux tirés plaqués ; ou alors les ado, souvent des filles, par deux, les jambes pliées sagement sur le côté à l’ombre du auvent du becak et au-dessus duquel s’essouffle le pédaleur (3000 roupies la course) ; et encore les jeunes couples à nouveau en motobilette mais cette fois ci mademoiselle est assise en amazone, côté gauche, avec le pied droit appuyé sur le repose pied tandis que le gauche laisse flotter la ballerine ou la tong nonchalamment au dessus de la poussière des trottoirs et la fange des caniveaux. Ah ! c’était bien cette sortie de messe. Près d’une heure de va et vient. On devine que le culte est un moment de vie fort de la communauté… puis on s’enquiquine. J’ai erré dans Kaimana, le long de sa plage /port/ bord de quartier et de cimetière, dans sa rue principale. En tout, trois heures passées dans ce no-mans land, dans une chaleur terrible, il ne manquait plus que les tornades de poussière et le passage ralenti d’un chien langue pendante.

Vous savez quoi, il parait qu’à la nuit tombée la vie reprend à Kaimana le dimanche soir et que les boutiques rouvrent. Et bien comme il n’y a pas de sortie de messe à ces heures là, je ne prendrai pas le risque. La relève de la boite attendra. Ah ! les revues et corrections d’articles à la bourre ! les messages du labo qui ramène illico presto à ces autres réalités du boulot (AERES, bouclage budgétaire de l’année, etc.) et puis les messages d’appel à la mobilisation des semaines passées… Au fait, il parait qu’on a changé de gouvernement en France. Quelqu’un a dit ça sur le bateau mais on ne sait même plus qui, est-ce vrai ou est-ce un malentendu ou même une blague. Je devais vérifier et rapporter. Ca aussi ça attendra. En fait je me demande si ça n’est pas mieux comme ça, car pour nous ici ça ne change vraiment rien (…) et pour la sortie de messe de Kaimana non plus !

Nous allons pouvoir faire le plein de carburant ce soir. Demain matin nous pourrons saluer un incontournable et nous pourrons enfin prendre le large vers Sorong. La première de ces journées de retour va bientôt s’achever. Elles sont longues ces journées qui nous tiennent encore éloignés de nos proches !

Olga Otero qui regarde le soleil descendre lentement sur l’horizon depuis le pont arrière du Airaha.